
Le 9 juin 2024, tous les citoyens et citoyennes européens ont élus les députés de l’Union européenne. Ces élections étaient identifiées comme déterminantes, notamment sur la transition écologique. L’Union européenne a été un leader dans ce domaine ces dernières années, avec l’adoption du Pacte Vert. La continuité de cette politique ambitieuse est en sursis et dépendra des actions du Parlement Européen élu le 9 juin dernier. En tant que chrétiens, nous avons le devoir de nous en préoccuper, tant les enjeux sont grands. On vous donne les clés pour comprendre et agir dans cet article !
Je m’informe 🕵️
Pour t’informer, retrouve les enregistrements de notre soirée décryptage et tous les éléments de préparation, afin de mieux comprendre les enjeux et les programmes des différents candidats, ou suis-nous sur les réseaux.
J’interpelle les candidats 📣
Pour pousser les candidats à prendre le sujet au sérieux, tu peux les interpeler en relayant la lettre co-signée par plus de 30 associations et groupements chrétiens et envoyée aux partis politiques qui se présentent aux élections.
Je vote le 9 juin 🗳️
L’action la plus simple et la plus importante : aller voter le 9 juin ! 72% des jeunes Français entre 18 et 25 ans n’ont pas voté aux élections européennes de 2019.
La FAQ Lutte et Contemplation des européennes
Pourquoi s’intéresser à ce vote en tant que chrétien ?

« Le projet européen d’une Europe unie dans la diversité, forte, démocratique, libre, pacifique, prospère et juste est un projet que nous partageons et dont nous nous sentons redevables. Nous sommes tous appelés à exprimer cet attachement en votant et en choisissant de manière responsable les députés européens qui représenteront nos valeurs et œuvreront pour le bien commun au sein du prochain Parlement européen. » Dans cette déclaration publiée en mars 2024, les évêques européens de la COMECE appellent clairement à soutenir le projet européen.
- L’Europe incarne des valeurs cruciales qu’elle place au centre de l’action politique et qui correspondent aux principes chrétiens : le bien commun, la solidarité, la paix, la liberté, l’unité dans la diversité, le soin de notre maison commune. Ces valeurs dont nous connaissons la richesse sont mises en péril dans le monde d’aujourd’hui, face aux nationalismes, à l’indifférence et aux inégalités.
- L’Union européenne incarne un projet qui dépasse les intérêts économiques et politiques : fidèle à l’intuition de ses fondateurs chrétiens, « elle est une véritable aventure spirituelle », porte un projet d’espérance et rejette les égoïsmes réducteurs.
- En tant que chrétiens, nous sommes les gardiens de ces valeurs fondatrices de l’UE et nous avons la responsabilité de les défendre. [voir détails ici et ici]
Pourquoi les élections européennes sont-elles cruciales ?
- Parce que le Parlement européen est le lieu de la représentation directe des citoyens européens : les députés sont directement élus au suffrage universel, ils représentent 450 millions de personnes !
- Parce que le Parlement peut faire entendre notre voix et nos idéaux, pour une Europe écologique et sociale. Il élit le président de la Commission européenne, qui conduit la politique européenne pour les 5 prochaines années, décide du budget de l’UE, contrôle le travail des organisations européennes (ici quelques infos sur le fonctionnement de l’Union européenne.
- Parce que ce vote est crucial pour choisir comment nous ferons face aux immenses défis qui nous attendent, et qui mènera les choix politiques de l’Europe, notamment sur la mise en œuvre du Pacte vert.
Pourquoi l’UE est-elle importante pour la transition écologique ?
- L’échelle européenne est l’échelle la plus pertinente pour traiter d’enjeux globalisés, qui demandent une unité renforcée : la transition écologique et sociale, la lutte contre l’évasion fiscale et le dumping social, la régulation des marchés financiers etc.
- L’UE a mené une politique environnementale ambitieuse dans les négociations internationales. L’UE est l’espace politique le plus intégré au monde et donc le plus à même de peser sur la scène internationale sur les enjeux environnementaux. Elle représente un des plus grands marchés au monde, et peut donc exercer une influence normative pour faire changer les règles du jeu économique : agriculture, politique commerciale, réglementation des entreprises…Unis, les États peuvent se tirer vers le haut mutuellement et voter des politiques climatiques ambitieuses qui les pénaliseraient s’ils étaient isolés.
- L’UE détient des compétences centrales sur tous les grands sujets liés à la transition, ce qui permet une coordination nécessaire pour des politiques cohérentes et harmonisées sur l’énergie, les transports, l’agriculture, la pêche…
- Le Parlement européen a permis de tirer l’ambition vers le haut sur les sujets environnementaux, notamment dans le cadre du Green Deal et des lois finalement adoptées… La continuité du Green Deal est en jeu.
Quels sont les grands enjeux écologiques de ces élections ? Qu’est-ce que le Pacte vert ?
Le Pacte vert est le grand plan pour faire de l’Europe « le premier continent neutre en carbone », selon les mots d’Ursula Van Der Leyen. Il est adopté en 2019 sur la base d’objectifs clés visant à renforcer l’ambition climatique de l’UE, et à réaliser une transformation profonde, radicale et difficile de l’économie et de la société européenne, de l’énergie à l’agriculture en passant par l’industrie, les bâtiments, la politique commerciale, la finance… (voir les détails ici). Parmi les grandes mesures adoptées, il y a notamment l’objectif de neutralité carbone en 2050, la réduction de 55% d’émissions de CO² d’ici à 2030… Retrouve ici les 8 actions clés du dernier mandat du Parlement européen.
Ambitieux, le pacte vert est aujourd’hui menacé, alors même qu’il devrait être encore renforcé pour être à la hauteur des enjeux. Il est dénoncé par certains partis qui en font l’épouvantail de leurs campagnes électorales, attisant les divisions et ralentissant l’application des décisions courageuses qui ont été prises. Plusieurs lois ont ainsi été repoussées ou amoindries [voir post ici].

Pour savoir quels députés ont été moteurs du Pacte vert et lesquels ont tout fait pour le limiter, on te renvoie vers quelques documents très bien faits :
- La composition du Parlement européen
- La performance écologique des groupes politiques européens siégeant au Parlement depuis 2019.
Les prochaines élections européennes acteront la continuité ou la fin du Pacte vert : les chrétiens doivent être présents pour le défendre dans leur vote.
Un petit mot sur la Politique Agricole Commune (PAC)
- une politique ambitieuse de grande ampleur
La Politique Agricole Commune (PAC) est une des plus anciennes politiques de l’UE : elle date de 1962 et représente encore aujourd’hui son premier poste de dépenses (⅓ du budget de l’UE sur la période 2021-2027 soit 386.6 milliards d’euros).
Les paysans et paysannes français sont les principaux bénéficiaires de la PAC avec plus de 9 milliards d’euros par an représentant, au global, 22% de leur revenu selon la Commission européenne, les situations étant très diverses selon les productions agricoles.
- un cap évolutif au fil des années
Dans un contexte de restriction alimentaire peu de temps après la Seconde Guerre mondiale, les premiers jalons de la PAC étant abordés au traité de Rome dès 1957, l’enjeu était d’assurer une nourriture accessible aux citoyens européens et un revenu juste pour les paysans. Elle a ainsi encouragé une politique productiviste et un protectionnisme limitant les importations. Victime de son succès, cette politique a conduit à l’excédent d’une production peu compétitive au niveau international et aux premiers constats des effets néfastes sur l’environnement de ce productivisme.
Dans les années 2000 la PAC opère un tournant libéral (suppression des quotas et de règles de marché remplacés par des subventions et un revenu additionnel direct) et cherche à mener une politique de développement rural pour faire face à la diminution de la population rurale. Si cette politique libérale est toujours d’actualité, le besoin de développer une agriculture respectueuse de l’environnement est de plus en plus identifié.
Ses deux objectifs de départ étaient le renforcement de la productivité de l’agriculture pour garantir aux consommateurs une offre stable de denrées à un prix abordable et d’assurer un niveau de vie décent aux agriculteurs européens.
- une ambition écologique déconstruite dans l’urgence
De nouveaux objectifs se sont ajoutés : garantir une production viable pour nourrir la population mondiale qui va augmenter considérablement, lutter contre le changement climatique et gérer les ressources naturelles de manière durable et entretenir l’espace rural et maintenir une économie rurale dynamique.
La dernière réforme de la PAC avait été présentée en 2018 pour un adoption en 2021 repoussée au 1er janvier 2023 en raison de négociations complexes.
Sous la pression de syndicats productivistes comme la FNSEA une nouvelle version de la PAC a été adoptée par le Parlement européen le 24 avril et par le Conseil de l’UE le 13 mai réduisant l’ambition environnementale de la révision entrée en vigueur en 2023 : autorisation pour les Etats membres de supprimer complètement l’obligation de laisser au moins 4 % des terres arables en jachères ou surfaces non productives (haies, bosquets, mares…) et assouplissant l’obligation de rotation des cultures sur une partie des terres, ces mesures cherchant à conserver la biodiversité.
La Parlement européen avait ainsi adopté en octobre 2021 la stratégie appelée “De la ferme à la fourchette” visant un “système alimentaire équitable, sain et respectueux de l’environnement”, et représentant le pendant agricole du Pacte vert. Une stratégie ambitieuse cherchant entre autres à réduire de 50% le recours aux pesticides d’ici 2030. Seulement, sur 27 textes législatifs seulement neuf ont été adoptés depuis du fait de la force politique d’une branche productiviste du monde agricole peu soucieuse de l’environnement qui perçoit cette exigence uniquement comme porteuse de lourdeurs administratives et incohérente avec la signature de traités de libre échanges, effet renforcé par le soutien à l’Ukraine et la suppression des droits de douane sur sa production. Si la stratégie “de la ferme à la fourchette” manquait d’une approche globale protégeant la production européenne d’une concurrence moins exigeante, il est frappant que le compromis ambitieux fruit de plusieurs années de mobilisation ait été abandonné en quelques semaines sans apporter de réelle réponse de fond. Dans un contexte de mobilisations et d’élections prochaines, cette politique ambitieuse est pour l’instant à l’arrêt et le résultat des élections aura un impact décisif sur sa continuité.

Pour rédiger ce texte nos sources furent : le media Toute l’Europe, ici et ici, un article du Monde, et du contenu produit par l’UE et par le ministère français de l’agriculture.